Derrière la porte des Labs

Des chercheurs, artistes, citoyens, individus ou collectifs décortiquent les problématiques actuelles, investissent les sujets de demain, et expérimentent des usages en devenir au sein de lieux portant l’étiquette de « laboratoires », ou « labs ». L’usage du mot « lab » est ainsi devenu un hashtag courant, entretenant une part de mystère sur l’organisation et les finalités de ces espaces… En effet, entre le labo universitaire inaccessible et le hackerspace perdu en périphérie, un flou énigmatique entoure les activités de ces lieux de création dont les projets sont quant à eux rendus visibles et médiatisés sur Internet.
Ces nouvelles formes d’organisation proposent-elles une réelle puissance transformatrice, révélatrice de notre écosystème et de notre manière de vivre ensemble ?
La démarche de ces labs se caractérise bien souvent par un changement d’attitude vis à vis de la recherche. Elle donne libre cours aux pratiques de hack, détournement, phases d’ « essai-erreur », et s’accompagne souvent d’ une culture de projet et de réseau. Ces labs sont de plus en plus nombreux et protéiformes : innovation publique, design, université, art, activisme, sciences citoyennes… Les croisements thématiques ou liés à leur territoire d’implantation tissent des coopérations entre les communautés qui les portent, constituant de réels écosystèmes locaux de recherche et création.
L’art du labo vs culture numérique

Les pratiques artistiques liées à la culture numérique, et plus largement à la culture libre, investissent de manière naturelle ces formats de travail et de recherche : en effet, de nombreux artistes sont actuellement engagés dans une démarche critique d’exploration, d’expérimentation attenante aux questions des sciences, de l’art, de la culture numérique. Derrière une certaine esthétique du laboratoire de pratiques se cachent des formes alternatives d’organisation et d’action collective, et de nouvelles manières de penser les questions actuelles liées à l’art, la société et notre environnement.
Rendre visible et accessible ces processus créatifs critiques est un enjeu en terme de médiation culturelle mais aussi afin de permettre à ces dynamiques d’articuler pratiques expérimentales et fabriques collectives.
Transmettre les savoirs et connaissances
A l’instar de la dynamique des sciences ouvertes, des citizen science, dans la continuité du mouvement des logiciels libres et des espaces de partage en ligne tel que Wikipédia, ces démarches artistiques s’engagent sur des sujets de recherche et de création émergents, impliquant citoyens et communauté d’usagers, amateurs éclairés, professionnels…
Quelles relations et croisements pouvons-nous imaginer avec les recherches institutionnelles ? Quelle est la capacité de ces expérimentations à partager, à construire du commun ? Quel nouveau couple Art/Science à fabriquer ? Au delà de la prise de conscience des enjeux sociétaux, environnementaux que questionnent ces pratiques, comment favoriser la production de connaissance ouverte et universelle ? Comment transmettre, annoter et conserver ces pratiques artistiques et culturelles ?